Les orgues de Paris
ORGUES DE PARIS © 2024 Vincent Hildebrandt ACCUEIL LES ORGUES

Mutin-Convers-Pleyel

Charles Mutin

Charles Mutin (1861-1931) est arrivé chez Cavaillé-Coll comme apprenti à l’âge de 14 ans. Il fut alors confié à Joseph Koenig, l’un des harmonistes de la Maison Cavaillé. Après treize années il acquiert tous les aspects du métier, il fonde sa manufacture d’abord à Falaise puis à Caen. En 1894, il emporte une Médaille d’or à l’Exposition Universelle de Lyon de 1894 avec la construction d’un orgue destiné à l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours à Trouville. À Paris, Cavaillé-Coll est de plus en plus faible et cherche un successeur. Afin de succéder à son ancien maître, Mutin assemble plus de 200 000 francs obtenus par la vente de terres appartenant à son épouse Eugénie Crespin, avec un complément de 150 000 francs apporté par un certain Édouard Sales-Deschamps. Le 18 juin 1898, le contrat est signé avec Aristide Cavaillé-Coll, Charles Mutin devient le propriétaire et le gérant de la Manufacture de Grandes-Orgues Cavaillé-Coll. Il devient en 1917 trésorier de la Société Française de Musicologie et publie sur son instrument, son histoire notamment. Il avait à disposition une riche bibliothèque à la manufacture. Il expose l’histoire et la technique de son instrument en 75 pages dans l’Encyclopédie de la Musique de Lavignac et de la Laurencie. Il écrit aussi un vaste texte dactylographié de mille pages relié en deux tomes relatant l’histoire, la technique et l’esthétique de la facture d’orgue. Mais malheureusement le texte reste inachevé. Pour l’ensemble de son travail, Mutin est décoré Chevalier de la Légion d’honneur le 9 février 1923. Il a construit environ 300 orgues jusqu’à sa retraite en 1923. Mutin meurt en 1931.

La maison Cavaillé-Coll-Convers

En 1924, Auguste Convers (1884-1976) racheta la Manufacture d’orgues qui prit alors pour dénomination administrative « Cavaillé-Coll, Mutin, A. Convers et Cie ». Le chef-d’œuvre de Convers est sans doute l’orgue qu’il a construit en 1928 pour les Portiques des Champs-Élysées : une galerie marchande de luxe en marbre gris, avec une vingtaine de boutiques et un orgue encastré dans le mur. Il peut être considéré comme probablement l’un des derniers témoins de la facture d’orgues de concert française de l’entre- deux-guerres, directement influencée par la facture d’orgues américaine à cette époque. C’était le seul instrument en Europe spécialement conçu pour un grand magasin. L’orgue a été démonté en 1937-1938 lorsque le centre commercial a été transformé en restaurant et en cinéma. La ville de Noyon a acheté l’instrument et l’a conservé dans le triforium de la cathédrale faute d’argent pour construire un buffet d’orgue. Enfin, après 40 ans, il a été vendu en 1988 au Temple Protestant d’Amiens. La reconstruction a été achevée en 2000 (III/60). L’orgue a conservé son caractère post symphonique et orchestral d’origine. Cet instrument est en effet le seul témoin des orgues de concert parisiens de l’entre- deux-guerres. Tous les instruments des salles de concert parisiennes de l’époque ont disparu, à l’exception de l’orgue Puget, du Théâtre des Champs-Élysées (présent, mais muet pendant de nombreuses années) et de l’orgue de la Salle Pleyel (en stockage chez un facteur d’orgues). La manufacture est dissoute le 7 novembre 1928 et Auguste Convers est limogé. Dès 1928, Auguste Convers fonde une nouvelle manufacture : la Manufacture de Grandes-Orgues A. Convers dont les ateliers étaient situés au 109, rue de Reuilly à Paris. Certains ouvriers de la maison Cavaillé-Coll le suivent comme MM. Lambert père et fils et les harmonistes Duval, Huet, Grados et Costa. 1936 marquera la fin de ses activités de facteur d’orgues puisque ses ateliers ferment à cette date. Auguste Convers meurt à la suite d’une chute, en été 1976.

La Maison Cavaillé-Coll - la suite

Dès 1928, l’entreprise Cavaillé-Coll fut convertie en une société par actions, la « Société anonyme française de facture d’orgues Cavaillé-Coll ». En 1931, une nouvelle seconde une Société fermière des Etablissements Cavaillé-Coll voit le jour. Elle sera administrée successivement par Lafonto, J. Lapresté (aussi administrateur de la Maison Rinckenbach d’Ammerschwihr), G. Lauffray et Joseph Beuchet . En 1934, la firme Pleyel prend alors la relève et Joseph Beuchet démissionne. En 1936, la Société Anonyme Cavaillé-Coll accorde à Pleyel une licence exclusive d’exploitation et de vente, ce qui donne naissance à une nouvelle société, Pleyel- Cavaillé-Coll. J. Krug Basse et Jean Hermann sont alors nommés responsables du secteur de construction des orgues. Cette association ne fut couronnée de succès et la Seconde Guerre mondiale mis définitivement fin à l’épopée de la Maison Cavaillé-Coll qui ferma définitivement en 1959. Source/lire plus: Antoine Thomas Technique et esthétique des orgues de la manufacture Cavaillé-Coll-Convers Essai sur la facture d’orgues française dans les années 1920- 1930. Mémoire de recherche 2e cycle (Master) Année universitaire 2021-2022 CNSMS Lyon
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Mutin-Convers-

Pleyel

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Charles Mutin

Charles Mutin (1861-1931) est arrivé chez Cavaillé-Coll comme apprenti à l’âge de 14 ans. Il fut alors confié à Joseph Koenig, l’un des harmonistes de la Maison Cavaillé. Après treize années où il acquiert tous les aspects du métier, il fonde sa manufacture d’abord à Falaise puis à Caen. En 1894, il emporte une Médaille d’or à l’Exposition Universelle de Lyon de 1894 avec la construction d’un orgue destiné à l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours à Trouville. À Paris, Cavaillé-Coll est de plus en plus faible et cherche un successeur. Afin de succéder à son ancien maître, Mutin assemble plus de 200 000 francs obtenus par la vente de terres appartenant à son épouse Eugénie Crespin, avec un complément de 150 000 francs apporté par un certain Édouard Sales-Deschamps. Le 18 juin 1898, le contrat est signé avec Aristide Cavaillé-Coll, Charles Mutin devient le propriétaire et le gérant de la Manufacture de Grandes- Orgues Cavaillé-Coll. Il devient en 1917 trésorier de la Société Française de Musicologie et publie sur son instrument, son histoire notamment. Il avait à disposition une riche bibliothèque à la manufacture. Il expose l’histoire et la technique de son instrument en 75 pages dans l’Encyclopédie de la Musique de Lavignac et de la Laurencie. Il écrit aussi un vaste texte dactylographié de mille pages relié en deux tomes relatant l’histoire, la technique et l’esthétique de la facture d’orgue. Mais malheureusement le texte reste inachevé. Pour l’ensemble de son travail, Mutin est décoré Chevalier de la Légion d’honneur le 9 février 1923. Il a construit environ 300 orgues jusqu’à sa retraite en 1923. Mutin meurt en 1931.

La maison Cavaillé-Coll-Convers

En 1924, Auguste Convers (1884-1976) racheta la Manufacture d’orgues qui prit alors pour dénomination administrative « Cavaillé-Coll, Mutin, A. Convers et Cie ». Le chef-d’œuvre de Convers est sans doute l’orgue qu’il a construit en 1928 pour les Portiques des Champs-Élysées : une galerie marchande de luxe en marbre gris, avec une vingtaine de boutiques et un orgue encastré dans le mur. Il peut être considéré comme probablement l’un des derniers témoins de la facture d’orgues de concert française de l’entre- deux-guerres, directement influencée par la facture d’orgues américaine à cette époque. C’était le seul instrument en Europe spécialement conçu pour un grand magasin. L’orgue a été démonté en 1937-1938 lorsque le centre commercial a été transformé en restaurant et en cinéma. La ville de Noyon a acheté l’instrument et l’a conservé dans le triforium de la cathédrale faute d’argent pour construire un buffet d’orgue. Enfin, après 40 ans, il a été vendu en 1988 au Temple Protestant d’Amiens. La reconstruction a été achevée en 2000 (III/60). L’orgue a conservé son caractère post symphonique et orchestral d’origine. Cet instrument est en effet le seul témoin des orgues de concert parisiens de l’entre- deux-guerres. Tous les instruments des salles de concert parisiennes de l’époque ont disparu, à l’exception de l’orgue Puget, du Théâtre des Champs-Élysées (présent, mais muet pendant de nombreuses années) et de l’orgue de la Salle Pleyel (en stockage chez un facteur d’orgues). La manufacture est dissoute le 7 novembre 1928 et Auguste Convers est limogé. Dès 1928, Auguste Convers fonde une nouvelle manufacture : la Manufacture de Grandes-Orgues A. Convers dont les ateliers étaient situés au 109, rue de Reuilly à Paris. Certains ouvriers de la maison Cavaillé-Coll le suivent comme MM. Lambert père et fils et les harmonistes Duval, Huet, Grados et Costa. 1936 marquera la fin de ses activités de facteur d’orgues puisque ses ateliers ferment à cette date. Auguste Convers meurt à la suite d’une chute, en été 1976.

La Maison Cavaillé-Coll - la suite

Dès 1928, l’entreprise Cavaillé-Coll fut convertie en une société par actions, la « Société anonyme française de facture d’orgues Cavaillé-Coll ». En 1931, une nouvelle seconde une Société fermière des Etablissements Cavaillé-Coll voit le jour. Elle sera administrée successivement par Lafonto, J. Lapresté (aussi administrateur de la Maison Rinckenbach d’Ammerschwihr), G. Lauffray et Joseph Beuchet . En 1934, la firme Pleyel prend alors la relève et Joseph Beuchet démissionne. En 1936, la Société Anonyme Cavaillé- Coll accorde à Pleyel une licence exclusive d’exploitation et de vente, ce qui donne naissance à une nouvelle société, Pleyel- Cavaillé-Coll. J. Krug Basse et Jean Hermann sont alors nommés responsables du secteur de construction des orgues. Cette association ne fut couronnée de succès et la Seconde Guerre mondiale mis définitivement fin à l’épopée de la Maison Cavaillé-Coll qui ferma définitivement en 1959. Source/lire plus: Antoine Thomas Technique et esthétique des orgues de la manufacture Cavaillé-Coll-Convers Essai sur la facture d’orgues française dans les années 1920-1930. Mémoire de recherche 2e cycle (Master) Année universitaire 2021-2022 CNSMS Lyon