Tous les facteurs d’orgues
qui travaillaient à Paris avant la Révolution
Les facteurs d’orgue du 18ème siècle 1/2
La dynastie Clicquot
Les origines de la famille Clicquot prennent source en
champagne. Elle a donné deux branches principales qui sont
distinguées, l'une comme négociants et éleveurs de vin de
Champagne qui est éteinte en 1805, l'autre comme facteurs
d'orgues à Paris.
C’est cette branche qui donnera plusieurs générations de
talentueux facteurs d’orgues (A cette époque les métiers se
transmettaient par filiation) qui s’établirent à Paris et qui
obtiendront successivement le titre privilégié de « facteurs
d’orgues du roy ».
Les origines de cette dynastie remontent à Antoine Clicquot, né
vers 1570 et actif en Champagne. Ce dernier transmettra son
métier à Nicolas Clicquot qui fut le père de Robert Clicquot.
Robert Clicquot (1645-1719) fut le premier de la famille à jouir
du titre « Facteur d’orgues du Roy ». Ce dernier appris le métier
auprès de son beau-frère Etienne Enocq (qui alors travaillait sur
l'orgue de Saint-Leu-Saint-Gilles). Il s’établit à Paris pour travailler
sur l'orgue de la chapelle de Versailles. Il était alors associé à
Alexandre Thierry, qui était aussi le parrain de son fils Louis-
Alexandre. Après la mort de Thierry, survenue en1699, Clicquot
obtient le quasi monopole du marché de la facture d’orgues à
Paris. Il a construit avec l'aide de Julien Tribuot, l'orgue de la
chapelle de Versailles en 1711 et réalisa de nombreux
instruments devenus célèbres en leur temps (Cathédrale de
Rouen en 1689, Collégiale de St Quentin en 1703). Aucun de ses
orgues n'a survécu, si ce n’est que les buffets qui subsistent
encore aujourd’hui.
Jean Baptiste Clicquot (1678-1746) apprit la facture d'orgue
avec son père et devient partenaire d'Alexandre Thierry. L'autre
fils de Robert, Louis-Alexandre Clicquot (1684-1760) fit
essentiellement de nombreux travaux d'entretien à Paris (St
Nicolas-des-Champs, St Paul), cependant il réalisa l’orgue de St
Jacques de Houdan qui est un petit « huys pyeds », composé de
21 jeux, qui est resté intégralement dans son état d’origine.
Le facteur le plus connu dans la famille fut incontestablement
son fils François-Henri Clicquot (1732-1790) qui porta la facture
classique française à son apogée. La mort successive de Thierry
(1749), Lescop (1753), Ferrand (1763) et Bessart (1764) ouvrit une
nouvelle ère pour François-Henri Clicquot qui reprit la
succession de l’entreprise familiale en 1760. La réalisation du
grand orgue de St Roch en1770, établit sa réputation.
Le nombre d'instruments qu'il entretient et modernisa
augmenta alors rapidement. Entre 1770 et sa mort, il éclipsa
tous les autres facteurs d'orgues parisiens.
Le plus grand instrument construit par François-Henri Clicquot
fut celui de St Sulpice (1781). Actuellement, les orgues de St
Gervais (1768) et St Nicolas-des-Champs (1777) sont les mieux
conservés de ce facteur.
Ses innovations les plus importantes ont été:
•
le schéma de composition des Mixtures
•
l’utilisation d’un «Grand Jeu» fondé sur les Bombardes
•
l'introduction de nouveaux solistes comme le Hautbois
•
la nouvelle composition des demi-claviers (Récit, écho) qui
devinrent de plus en plus fournis.
Avec la mort de François-Henri Clicquot, prenait fin l’âge d’or de
la Facture Classique Française qui sombra dans la décadence
jusqu’à la Révolution Française.
Son fils Claude François Clicquot (1762-1801) a succédé à son
père en 1790 et a achevé les travaux inachevés de son père, tout
particulièrement l'orgue de Saint-Germain l'Auxerrois.
Au début de la Révolution, eu à cœur d’entretenir les quelques
orgues qui n’avaient pas été retirés des églises supprimées (St
Eustache et St Jacques-du-Haut-Pas) et fit quelques réparations
d’envergures (St Merry). En 1794, il abandonna sa profession
pour rejoindre l'armée, tout comme ses deux frères.
à lire: L’orgue postclassique parisien (1733-1833) par Vincent
Genvrin
à lire: La facture parisienne à travers la dynastie des Clicquot par
Bertrand Cattiaux,
Photo’s:
St Roch
St Germain-l’Auxerrois
Signature of FH Clicquot (organ of Saint-Leu-Saint-Gilles)
François Henri Clicquot peint par son fils Claude (Coll. particulière)